J’inaugure par ce billet la rubrique des Chroniques du Rafiot. Mes inspirations, mes lectures, ce que j’ai vu. Car tout cela fait partie de mon imaginaire et nourrit mes projets. Je n’ai aucunement la prétention d’être un critique, et encore moins un maître à penser sur ce qu’il faut ou ne faut pas voir ou lire (d’ailleurs, si je n’aime pas, je n’en parle pas, en général).
Donc, j’inaugure cette rubrique avec Écarlate, le roman de Philippe Auribeau. D’une part parce que c’est le dernier en date que j’ai lu, d’autre part, parce que ce roman est une véritable perle. Et bien que Philippe soit un ami, cela n’influence en rien mon avis sur son roman.
Début des années trente, en pleine prohibition, un crime atroce est commis dans un théâtre de Providence, Massachusetts. Enfin, un massacre, devrais-je dire. Même un massacre qui à tout l’air d’être rituel. L’agent fédéral Thomas Jefferson (oui, comme le président), accompagné de son équipe de choc débarque en ville pour résoudre ce crime.
Jusque là, rien de bien extraordinaire, mais attendez de rencontrer Diane, la bras droit carrément badass de Jefferson, loin des clichés de la gentille enquêtrice docile ou de la douce femme au foyer américaine. Ou de suivre Caleb son chauffeur et ami de longue date, qui a l’idée saugrenue d’avoir un teint de peau bien sombre dans cette Amérique encore très puritaine.
Non seulement l’équipe est particulièrement attachante, mais l’enquête dans laquelle ils nous entraînent est menée tambour battant. Pas un temps mort, chaque mot a sa place, chaque détail son importance. Et le style d’écriture incisif et direct ne vous laisse pas de répit (il faut tomber de sommeil pour enfin se décider à lâcher l’ouvrage).
Et bien sûr, si l’action se déroule à Providence, ce n’est pas un hasard. L’aspect fantastique est bien présent, superbement intégré. Le Maître de Providence, H.P. Lovecraft, serait très certainement ravi de voir un tel hommage à son œuvre. D’ailleurs, pour les joueurs de L’Appel de Cthulhu, c’est un incontournable. Car une fois plongé dans la lecture, on en vient à se dire : « Mais bordel, pourquoi je n’ai pas joué un scénario comme ça ! ».
Comme si cela ne suffisait pas, Ecarlate nous renvoie également à des thématiques très actuelles, comme la place des minorités dans notre société, ainsi que la condition des femmes. Sans pour autant enfiler de gros sabots et appuyer le propos, ces thématiques développées tout au long de l’ouvrage sont on ne peut plus naturelles à la lecture. Sans compter que l’époque est particulièrement bien restituée, avec intelligence. Ayant beaucoup travaillé sur le sujet, la mise en abîme de celle-ci sous la plume de Philippe m’a énormément plu.
Si vous aimez les thrillers, le fantastique façon Lovecraft, et les années trente : foncez. Procurez-vous ce livre de toute urgence. Et comme moi, vous serez impatients de découvrir son prochain roman !
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