QUI SUIS-JE ? MON PARCOURS
Une petite histoire subjective de mon parcours ludique
L’idée du Rafiot Fringant est née il y a un petit moment déjà, à l’automne 2018, pour tout dire. À cette époque, je tournais en rond dans mon travail et je ne le trouvais plus du tout satisfaisant, que ce soit sur le fond ou sur la forme. Enlisé dans des habitudes, des schémas, une doctrine économique, dans lesquels je ne me reconnaissais plus du tout.
C’était une époque où je travaillais encore pour les Éditions Sans Détour, mais cette entreprise à laquelle j’avais participé à la naissance ne ressemblait plus du tout à ce qu’elle avait pu être. À moins que ce ne soit moi qui ne m’en sois éloigné. Ou les deux, peut-être.
Mais avant d’en arriver là, il y a eu bien des étapes dans mon parcours ludico-professionnel.
Le vrai visage du Rafiot Fringant
Les livrets de la gamme Arkeos, en 2005
Les débuts ludico-professionnels
Alors graphiste indépendant, et ayant du temps de libre tout en gagnant décemment ma pitance, j’avais envie de me lancer dans l’aventure de l’édition ludique. Le métier de l’impression, du livre et du graphisme n’ayant pas de secrets pour moi, cela me semblait être une bonne idée. Et elle le fut. En 2005, naquit Arkeos, créé avec quelques amis dont Sidney Merkling, meneur de jeu de ma tablée rôliste, Lionel Davoust, auteur désormais prolifique et Mike, ami d’enfance et talentueux illustrateur.
gamme ArkeosLes livrets de la gamme Arkeos, en 2005
Arkeos, ce petit jeu de rôle, était un ovni dans le paysage rôlistique : format comics, couverture détachable 4 volets qui faisait office d’écran, tout couleur, le tout pour 12 euros, avec un suivi trimestriel de suppléments contenant une grande campagne « à suivre ». Ancré dans un univers Pulp à la Indiana Jones, le jeu, bien que non exempt de défauts, rencontra un vif succès.
Mais n’est pas gestionnaire qui veut… et les impératifs économiques mirent une fin prématurée à l’aventure, tuant dans l’œuf les projets de Jean-Laurent Del Soccorro, le jeu Cirkus, dont seul le livre de base fut édité. C’est aussi à cette époque que remontent mes premières collaborations avec la très reconnaissable patte graphique d’Olivier Trocklé.
Un entre-deux
Suite à cette aventure, bien des projets étaient envisagés, avec bien des personnes. Néanmoins, ma situation personnelle ne me laissait alors que peu de latitude, puisque j’étais sans emploi. Je me lançai alors dans la création d’indie-rpg.org, une plateforme de vente de jeux au format PDF, afin de ne pas quitter le milieu ludique. C’était sans doute avant-gardiste en l’an 2006, mais cela n’a nullement empêché de beaux succès, comme Wushu, de Daniel Bayn, édité en français par Pierre Pradal, et qui dans mon souvenir s’est vendu à plus de cinq-cents exemplaires, ou encore Star Drakkar, d’Eric Nieudan, qui n’a nullement démérité.
À titre personnel, j’ai publié la toute première édition de Forensique, Profiling & Serials Killers, d’Emily Tibbats, grande spécialiste francophone du sujet, et j’ai participé au « spin off » d’Arkeos, le jeu de société Expédition Altiplano de Christian Martinez, aux éditions du Matagot.
C’est aussi à cette époque que nous avons, avec Jérome Larré, mis en place le premier Royal Rumble francophone, un concours d’écriture de jeu de rôle en vingt quatre heures.
Forensique, Profiling & Serials Killers, version imprimée, avec une couverture d’Olivier Trocklé
Mon exemplaire auteur de la 6e édition de l’Appel de Cthulhu (2008),
dédicacée entre autre par Sandy Petersen, Greg Stafford et Charlie Krank
Une double page intérieure d’Au coeur des Années Vingt
L’âge d’or
Année 2007. Vivotant alors de ces diverses activités, et principalement des subsides d’état, le gérant de Ludikbazar, qui avait racheté le stock d’Arkeos à la fermeture de l’entreprise, reprit contact avec moi pour monter une maison d’édition. Avec la perspective de publier une nouvelle édition de L’Appel de Cthulhu. Comment refuser une telle occasion ? La chance de travailler sur un jeu qui avait bercé nombre de mes soirées rôlistiques…
Ainsi naquirent en 2008 les Éditions Sans Détour. Après des mois de travail acharné sur la refonte de L’Appel de Cthulhu pour en faire la 6e édition française, profondément modernisée, cohérente, et que j’espérais irréprochable, le bébé fut imprimé. Et quel bébé ! L’accueil du public fut plus que satisfaisant ! J’avoue que cette édition reste à ce jour l’une de mes fiertés, et que mon exemplaire dédicacé par les pères fondateurs, Greg Stafford, Sandy Petersen et Charlie Krank, a sa place d’honneur dans ma bibliothèque.
Appel de Cthulhu 6e edition Mon exemplaire auteur de la 6e édition de l’Appel de Cthulhu (2008),
dédicacée entre autre par Sandy Petersen, Greg Stafford et Charlie Krank
S’ensuivit une longue période de production à un rythme effréné, avec quelques points d’orgue, comme l’édition collector de Par-delà les Montagnes Hallucinées, qui fut un travail titanesque, ou la réédition au sein de la gamme de L’Appel de Forensiques, Profiling & Serials killers, pour lequel je garde une grande affection. Tout comme Le Musée de Lhomme, l’anthologie des scénarios de Tristan Lhomme.
Mais cet âge d’or de Sans-Détour fut surtout l’occasion de rencontres avec nombre d’auteurs talentueux qui sont devenus des amis, comme Philippe Auribeau et Camille Guirou, Gregory Privat, Romuald Calvayrac, Mahyar Shakeri, Tristan Lhomme et Thomas Berthier. Ainsi que de belles collaborations avec Loïc Muzy. Et le bonheur de participer à l’élaboration de titres comme Bimbo et Les Lames du Cardinal.
Ce fut aussi l’occasion de nouer des liens avec des personnes dont la passion est communicative, comme Jeff Richards, qui avec sa bienveillance a su donner un nouvel élan à Chaosium. Et Mike Mason, dont la vision et le professionnalisme font chaud au cœur.
Et je suis bien obligé de parler d’Au Cœur des Années Vingt, ouvrage que j’ai mis des années à finaliser, dans la mesure où il s’agit d’un véritable monstre lourd de plus de cinq-cents pages. Ce travail de fond, véritablement passionnant et fort bien accueilli par le public, m’a cependant fait prendre conscience que l’embonpoint verbal n’était pas pour moi. Que je voulais à l’avenir des ouvrages bien plus ramassés et efficaces.
La fin d’une époque
Avec l’arrivée de la 7e édition de L’Appel de Cthulhu en 2015 et surtout avant l’incroyable succès de son financement participatif, les choses ont changé.
Tout du moins pour moi. Un rythme effréné, au point où j’ai fini par rester sur le carreau. Plusieurs mois d’arrêt pour une affliction digne d’un épisode de Docteur House (spoiler : ce n’était pas un lupus). Pour faire court, comme l’était alors mon souffle, une hypertension sans cause physiologique était la source de maladies rares auto-immunes aux noms exotiques et quelque peu pénibles.
La voie de la guérison, les nuits passées à se questionner, m’ont fait prendre beaucoup de recul, comme c’est souvent le cas face à ce genre de situation. Et le retour au travail n’en fut que plus délicat. Avais-je envie de me confiner à des objectifs financiers ? Avais-je envie de suivre la voie des paillettes fantasmées par les dirigeants, qui désormais se nommaient « directoire » et rêvaient de chiffres avec d’innombrables zéros, dans un monde vu par le prisme d’un tableau excel ?
La réponse s’est imposée d’elle-même au fil des financements participatifs qui se succédaient, n’ayant plus comme finalité que de remplir une fonction financière.
Où était passé cet amour du jeu des débuts de l’entreprise ? Du moins, tel était mon ressenti. Et l’est toujours, quant à cet épisode.
Alors, quand au terme d’années de travail passion on se retrouve à faire un simple travail vivrier, sans plaisir, juste pour percevoir son écot, on a envie d’ailleurs. On a envie de se repenser, de quitter tout cela, de reprendre son envol.
Malheureusement la suite de l’histoire m’aura conforté dans mon point de vue. Mais cela n’est plus mon histoire.
Le renouveau
D’assurer les besoins vivriers naît la résilience, et de celle-ci l’ennui. Et de celui-ci, l’impérieux besoin de se lancer dans de nouvelles aventures.
C’est ainsi qu’un matin, deux neurones qui divaguaient se sont rencontrés et ont donné, en une page de gribouillis et de notes, Dino Soldiers. Une semaine plus tard, le premier prototype était prêt et la première partie jouée !
L’esprit bouillonnant, les idées se sont enchaînées, dévoilant une ligne directrice : revenir aux sources mêmes du jeu, tels que ceux que nous inventions en étant enfants. Où un rien permettait de s’amuser des heures durant.
Mais voilà… comment faire ? Je n’avais ni les moyens ni la structure. Qu’importe, je ferais avec les moyens du bord.
Le Rafiot Fringant était né.
Proposer des jeux en Print & Play (terme que je n’ai découvert que plus tard) en ne faisant appel qu’à mes savoir-faire et à mes ressources personnelles.
Mais au fait… j’avais dans mes cartons une mouture d’Arkeos que j’avais entamée il y a près de quinze ans, et qui avait eu le temps de mûrir depuis. C’était l’occasion de s’y remettre !
De renouer les liens avec les amis de mes débuts ludico-professionnels, de continuer avec ceux rencontrés à l’âge d’or, mais aussi de faire de nouvelles rencontres, de personne à la sensibilité proche et dont l’appui est précieux, tel Sandy Julien.
De sereinement envisager le futur, entouré de toutes ces personnes qui sont la véritable richesse du monde ludique.
De jouer, et de partager le plaisir de jouer, simplement.
Mais au fait…
Pourquoi le nom de Rafiot Fringant ? Vivre sur un vieux Tjalk (une péniche hollandaise), plus vieille que le Titanic, que j’ai passé plusieurs années à retaper, est au bout du compte une bonne métaphore de mon cheminement et de l’indépendance créative.
LES JEUX
Les titres récents
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