Je continue mes chroniques avec deux coups de cœur ludiques. Des jeux de rôles en une page, très différents l’un de l’autre, et qui chacun valent le coup d’œil et surtout d’être accueillis à toute table digne de ce nom.
Sodalitas
De l’aveu même des auteurs, Jan Van Houten et Nicolas Folliot, c’est un jeu orienté fantasy destiné à être joué avec des enfants, nombreux, en environ une heure. Et cerise sur le gâteau, 6 scénarios sont disponibles, clefs en main. Cela m’a amplement suffi pour être intrigué, et accroché, et aller directement quérir le jeu et ses scénarios.
Pourquoi ai-je envie d’en parler ? Parce qu’en une page ce jeu se révèle être un jdr très complet, permettant de gérer toutes les situations, avec des règles très simples, tout en étant élaborées. Il est très bien conçu et en ce sens c’est un véritable petit bijou pour faire des parties en un tournemain. J’en suis presque jaloux de ne pas l’avoir pondu moi-même ! En plus, j’adore l’approche graphique tout comme la mise en page.
J’ai tout de même un ou deux bémols, directement issus de ma carrière dans l’édition : je trouve dommage d’avoir limité les règles à une seule page. En deux, avec un peu plus de fluff, ça aurait été juste grandiose, car un poil plus explicatif. Mais c’est vraiment à la marge. Le sentiment de richesse et de potentiel ludique en une page est juste impressionnant. Le fait que l’ensemble des aventuriers appartient à une guilde qu’ils ont créée, et leur donne un avantage, ajoute une dimension savoureuse. Et il est truffé de petites astuces pour rendre les parties très fluides (le vote à main levée pour les décisions de groupe, l’adaptation de la difficulté selon le nombre de joueurs, la gestion des objets et armes, et j’en passe).
Les six aventures quant à elles sont non seulement intéressantes, mais variées. Riches, alors que chacune ne fait qu’une page, bien pensées, certaines auraient, à mon sens, mérité un petit paragraphe supplémentaire pour que le nœud de l’intrigue soit évident (là encore, c’est mon passif éditorial qui parle). À noter que de petites règles spécifiques sont ajoutées selon les besoins, sans jamais déroger au concept initial, avec entre autre une utilisation très simple du principe d’horloge/compteur de Powered by the Apocalypse dans l’un d’entre eux.
Je ne peux que vous conseiller d’aller acquérir ce jeu qui vous permettra de mettre en place des parties avec vos enfants, ou avec votre table habituelle. La mécanique est suffisamment riche pour offrir plein de rebondissements. Et l’investissement vaut largement le coup : à peine 8 euros pour la version bundle.
Le bundle avec les six aventures
Run Die, Repeat
Voici mon autre coup de cœur, et bien différent, car résolument narratif, avec une mécanique particulièrement simple et redoutablement intelligente.
Run, Die, Repeat est un jeu de Labrys Games, et traduit en français par Lucas Cimon, disponible ici ou là.
Le principe du jeu est très simple : vous êtes piégé dans un cauchemar, pourchassé par des monstres. Chaque fois que vous mourrez, vous recommencez exactement au même endroit, au même instant. Trouverez-vous comment vous échapper ?
Le minuteur de votre smartphone, un dé, et c’est parti. À vous de trouver comment vous sortir d’une situation donnée, en faisant de nombreuses erreurs, en réessayant sans cesse, jusqu’à y parvenir. Oui, de suite on pense à Groundhog Day, Edge of Tomorrow, ou encore les épisodes de série utilisant ce principe, comme Mystery Spot de Supernatural. À la grande différence que le temps est limité, et que de fait on ne peut pas faire tout ce que l’on veut : il faut rester concentré sur la solution. C’est un jeu ultra libre, super immersif, avec une mise en place ne nécessitant rien comme préparation. Bref, un jdr « apéro » qui a sa place dans toute bonne ludothèque.
Cerise sur le gâteau, Lucas Cimon propose 10 scénarios pour ce jeu (qui n’en a pas besoin, soyons clairs), mais qui permettent à tout meneur un peu paumé par le concept ou en panne d’inspiration de lancer une partie.
D’ailleurs, si vous ne connaissez pas ce site, profitez-en pour le découvrir plus avant. Il y a des pépites disséminées un peu partout.
Et si vous voulez vous faire une idée de ce que ça peut donner en live, un podcast de 3 parties de 20 minutes est en ligne, avec comme invité mon ami Pierre Pradal.
Ah, et je ne vous l’avais pas dit ? Mais il est gratuit ! Aucune raison de ne pas vous pencher sur ce bijou ludique !
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